Dans un contexte où l’agriculture est au cœur des enjeux de développement en République Démocratique du Congo (RDC), Patrick Onoya Ntambwe, Professeur en économie et Acteur politique a récemment partagé ses réflexions lors d’une interview accordé ce jeudi à la radio Top-Congo, Ses propos mettent en lumière les défis structurels auxquels font face les agriculteurs congolais et soulignent la nécessité d’une loi incitative pour revitaliser le secteur agricole et encourager le retour vers le milieu rural.
L’exode rural, un fléau à combattre?
Selon Patrick Onoya, L’agriculture en RDC souffre de nombreux problèmes, notamment l’exode rural qui menace la viabilité des exploitations agricoles. Le professeur a affirmé avec conviction :
«Si un paysan n’arrive pas à subvenir à ses besoins par l’agriculture, il va fuir. Cette fuite vers les villes entraîne une diminution de la main-d’œuvre disponible pour le secteur agricole, ce qui nuit à la production alimentaire et à la sécurité alimentaire du pays»
Une génération déconnectée de la terre?
En poursuivant son analyse, il a souligné un constat préoccupant : même parmi les étudiants en agronomie, beaucoup ne se dirigent pas vers une carrière dans l’agriculture. «Ils sont plutôt là pour finir dans les usines agroalimentaires», a-t-il expliqué. Cela traduit un désintérêt croissant pour le travail de la terre, qui nécessite pourtant des efforts soutenus et une valorisation adéquate.
Un appel à l’innovation législative?
Pour remédier à cette situation, l’expert appelle à la mise en place de mesures incitatives visant à redonner ses lettres de noblesse au travail agricole. «Si nous ne mettons pas en place des mesures incitatives pour faire aimer le travail de la terre, nous risquons d’attendre longtemps le développement», a-t-il averti. Ces mesures pourraient prendre la forme de financements accessibles aux agriculteurs, leur permettant d’améliorer leurs techniques de culture et d’accéder à des semences de qualité.
Leçons du passé pour un avenir meilleure:
Un retour sur l’histoire a permis au professeur de rappeler que durant la période coloniale, un fonds avait été créé pour soutenir les paysans indigents. Ce fonds visait non seulement à financer leur développement agricole, mais aussi à décourager l’exode rural en montrant qu’il était possible de prospérer localement grâce à l’agriculture. Une telle initiative pourrait être révisée et adaptée aux réalités actuelles afin d’encourager les investisseurs à s’engager dans des projets agricoles durables.
L’État comme moteur du changement:
L’État joue également un rôle crucial dans ce processus. Il doit investir dans les infrastructures routières et électriques pour faciliter l’accès aux zones rurales. «Les routes de desserte agricole ne doivent pas être construites n’importe où, mais dans les régions où on cultive», a-t-il insisté. De plus, aménager les bassins de production en assurant un approvisionnement en eau et en électricité est essentiel pour garantir une agriculture productive.
En conclusion, le message fort délivré par le professeur Patrick Onoya met en exergue l’urgence d’agir pour revitaliser le secteur agricole en RDC. En instaurant une loi incitative pour les paysans, en améliorant les infrastructures et en soutenant les agriculteurs financièrement, la RDC peut non seulement garantir sa sécurité alimentaire mais aussi encourager un véritable retour vers le milieu rural. Le développement agricole durable est ainsi à portée de main si des actions concrètes sont mises en œuvre rapidement.